CHANSON
Martin Luminet

Une lucidité couperet doublée d’un bel équilibre entre spoken word fiévreux à froid, production généreuse à la fois souple et sous tension et refrains épiques. Sensible, sans un gramme d’apitoiement, traversé par l’impudeur consolatrice de Barbara, la colère saine d’Odezenne, la conscience tranchante du rappeur Youssoupha.

 

Il y a eu ce passage très remarqué lors des Francofolies de La Rochelle. Et MONSTRE, comme un accès à une authenticité personnelle autant qu’à la beauté. Un premier EP qui en cinq titres, définissait une humeur à la fois batailleuse et fervente, honnête et inquiète. Habité par le refus des faux-semblants, cru parfois, cash souvent, Martin Luminet fait planer la lucidité couperet de son spoken word impavide et mélodique : une électro cinématographique et cinglante, un télescopage entre le Biolay de « À l’origine » et la noirceur viciée d’Odezenne.

 

L’auteur-compositeur-interprète (et réalisateur de ses clips, eux aussi baignés d’un esthétisme incisif) a une conscience particulièrement aiguë de l’autre. Il embrasse ainsi un « nous » générationnel pour transfuser la lente agonie d’un Monde responsable de son propre infarctus. C’est un appel au sursaut et à ne pas courber l’échine. C’est l’uppercut salvateur d’un garçon à la sensibilité exacerbée qui a l’élégance de vibrer par le collectif.

 

Cru parfois, cash souvent, percutant toujours. Martin Luminet fabrique de la beauté et de la poésie avec le triste et le banal. Son écriture, intime, évoque des sujets partagés par beaucoup. Habité par le refus des faux-semblants, son premier EP, Monstre, nous plonge dans l'intimité de l'artiste sur fond d'électro cinématographique et cinglante.