Garage Réunionnais - Normandie
CANNIBALE

Un jour, il faudra sérieusement se pencher sur le sujet. Peut-être sortir une étude anthropo-ethno-socio-musicologique. Comprendre comment, depuis un salon de l'Aigle, Cannibale a poli un son à mi-chemin des Caraïbes, de la scène garage de la côte ouest américaine des années 1960 ou du Brésil de Tropicalia. Parce que moi, j'y ai passé quelques vacances dans ce coin de l'Orne, et ça transpirait pas vraiment le soleil et le psychédélisme. 

    Ces derniers temps, ils ont « appris à ne rien faire ». En ne faisant rien, ils ont composé leur troisième album, Life is Dead. Pas de doute, les influences, le son et le sceau Cannibale sont là et impriment une nouvelle fois instantanément. Et à l'ère du post-tout, ce Life is Dead sonnerait bien comme du post-Cannibale. Mijoté, rongé jusqu'à l'os, tout dans ce disque apparaît plus précis, plus macéré.

    Chez eux, il y a toujours cette méthode de travail, aussi libre dans l’expérimentation que mathématique dans sa redondance, et qui tisse le lien entre leurs albums. Tous les jours, dans les embruns botaniques et éthyliques de sa tanière de l'Aigle, Manuel bouine, bidouille des instruments et « dégueule la musique », dans le but de plaire aux copains du groupe. « C'est une musique chaloupé, et à un moment, tu vas forcément commencer à dodeliner du cul » dixit Fabrice Gilbert,  chanteur de Frustration, qu'on entend sur le morceau Kings of the Attics, et pourtant davantage habitué aux corps à corps dans les fosses qu'aux passionnés déhanchés...
 

Rémi Morvan